« Ruche » de Zedelgem
Des SS lettons commémorés en Flandre
En 1945, près de 12.000 légionnaires SS lettons furent détenus dans un camp pour prisonniers de guerre à Zedelgem. Dans cette commune de Flandre occidentale, depuis plus de deux ans déjà, un monument leur est dédié. Les expressions d’indignation et les appels à débat venant de la société civile ont été ignorés (ou presque) par le monde politique belge. Pourtant ces voix dénoncent une insupportable insulte à la mémoire des victimes du nazisme. Les autorités locales affirment qu’elles souhaitent seulement célébrer la « liberté » (sic). Un conseiller communal d’extrême-droite (Vlaams Belang) qui a joué un rôle important dans ce projet ‘’mémoriel’’, a été décoré à Riga pour son « travail exceptionnel réalisé au profit de la Lettonie. »
« Au nom de Dieu, je m'engage solennellement à obéir sans réserve à Adolf Hitler, commandant en chef des forces armées allemandes, dans la lutte contre le bolchevisme, et, en tant que courageux soldat, je serai toujours prêt à donner ma vie pour ce serment. »
Tel était l’engagement pris par les légionnaires lettons qui combattirent aux côtés des nazis pendant la seconde guerre mondiale. Aussi incroyable que cela puisse paraître, une commune flamande leur rend hommage depuis plus de deux ans.
A Zedelgem, près de Bruges, sur une place dite de « la liberté », une « ruche lettonne » stylisée invite au souvenir de 12.000 de ces légionnaires des 15ème et 19ème divisions Waffen-SS qui, pendant huit mois, entre 1945 et 1946, furent détenus dans le camp pour prisonniers de guerre du Vloethemveld, situé à quelques kilomètres de là. Stupéfiant ? A l’évidence. Mais il y a pire encore : malgré les manifestations d’indignation répétées de certains citoyens, l’érection d’un tel monument n’a fait l’objet d’aucun débat politique en Belgique. Le souvenir des temps mauvais semble inexorablement s’effacer, la mémoire s’étiole. Cela contribue à la grande confusion idéologique d’une époque où l’on voit resurgir certains fantômes de jadis ; tout profit pour l’extrême-droite européenne qui n’a eu de cesse au cours des dernières décennies de réviser l’histoire, dans l’espoir de prendre sa revanche sur la démocratie.
En marge de cette affaire éminemment politique, il y a pourtant eu des lanceurs d’alerte. De nombreuses lettres furent adressées à diverses autorités du pays par « The Belgians Remember Them », une association qui entretient la mémoire des aviateurs de la « Royal Air Force » qui tombèrent sur le sol belge pendant la guerre.
Wilfred Burie, son président, raconte : « Durant l’automne 2020, j’ai découvert l’existence de ce monument. Il a été érigé par les autorités communales de Zedelgem en septembre 2018 et, à l’époque, d’évidence, cela est passé comme une lettre à la poste. Après avoir rassemblé de la documentation sur l’histoire de ces Lettons ayant appartenu à la SS, j’ai écrit à tous les membres du gouvernement pour leur faire part de mon indignation. Je n’ai reçu qu’une seule réponse, évasive d'un ministre, m’expliquant que cette question ne relevait pas de ses compétences. Du côté du parlement, seul le député André Flahaut (PS) s’est mobilisé. A la mi-décembre 2020, il a interpellé le ministre fédéral de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open-Vld). Mais cela n’a débouché sur aucune remise en question officielle de la présence d’un monument qui glorifie des Waffen-SS en Belgique. »
Le député fédéral André Flahaut confirme : « Dans la question posée au ministre, je m’étonnais de l’imprudence de la commune de Zedelgem. Certains de ces légionnaires ont participé à des crimes de guerre et, en conséquence, je suggérais à mon confrère de demander aux autorités judiciaires d’ouvrir une instruction sur cette affaire, ce qui est tout à fait envisageable, vu que la loi du 23 mars 1995 tend à réprimer la négation, la minimisation, la justification ou l’approbation du génocide commis par le régime national-socialiste allemand pendant la Deuxième Guerre mondiale. Après plusieurs semaines, j’ai reçu une réponse à la Ponce Pilate. »
« En tant que ministre de la Justice, je n'ai aucune initiative à prendre »
Datée du 19 janvier 2021, la réplique de Vincent Van Quickenborne fut très courte : « Les éventuels actes criminels doivent faire l'objet d'une enquête et, le cas échéant, de poursuites. Dans le cas précis que vous évoquez, il appartient aux autorités judiciaires d'apprécier s'il y a lieu ou non d'ouvrir une enquête. En tant que ministre de la Justice, je n'ai aucune initiative à prendre à cet égard. »
Ne prendre « aucune initiative » est évidemment un choix politique : le ministre de la Justice dispose d’un droit d’injonction positive qui lui permet de demander au Parquet d’initier une investigation.
Comme élément de contexte, on rappellera qu’en février 2020, Vincent Van Quickenborne s'était fait remarquer de manière déplorable en marge de la polémique relative aux chars antisémites du carnaval d’Alost :
« Le lobby juif fait des heures supplémentaires », avait-il écrit dans un tweet.
A l’époque, le Comité de coordination des organisations juives de Belgique avait qualifié cette avanie en un mot : « Honteux ».
Wilfred Burie est amer : « J’aurais espéré un peu plus de lucidité et de sens civique de la part de nos dirigeants. Chaque fois qu’il y a des élections, ils se lamentent sur la progression de l’extrême-droite mais, dans le même temps, je dois bien constater que l’on tolère la présence d’un tel monument qui banalise la participation d’individus à une organisation criminelle nazie. »
Ce sentiment est partagé par Roland Binet. Ce francophone qui habite en Flandre a lui aussi essayé de jouer les lanceurs d’alerte : « Que ce soit sur le site « Defending History » ou dans « La Libre Belgique », j’ai publié des billets d’opinion pour essayer de provoquer un débat. Cela m’apparaissait d’autant plus important qu’il ne s’agit pas de la première dérive du genre dans le nord du pays. Il y a quelque temps, dans le cadre des célébrations liées à ses 50 ans d’existence, le Parlement flamand avait rendu hommage à August Borms et Staf De Clercq, deux collaborateurs notoires. In fine, cela se termina par l’aveu d’une erreur et des excuses de la présidente N-VA de cette assemblée. Mais, en ce qui concerne la « ruche lettonne » de Zedelgem, rien ne bouge. »
Si Roland Binet s’intéresse à l’Holocauste et aux crimes commis par les nazis, ce n’est en rien le fruit du hasard. « Pendant la première guerre, mon grand-père et celui de mon épouse se sont battus dans les tranchées », raconte-t-il. « Deux décennies plus tard, mon père s’est caché pendant 18 mois pour échapper au travail obligatoire, tandis qu’un grand oncle engagé dans la résistance a été décapité par les nazis. Personnellement, j’ai travaillé pour une société d’import-export dont les patrons étaient de Juifs polonais qui avaient vu leurs familles totalement anéanties lors de Shoah. »
En 2009, ce passionné d’histoire passa quelques jours à Riga dans le dessein d’y contempler les nombreuses constructions de style « art nouveau » qui embellissent la capitale lettone : « De ce point de vue, je n’ai pas été déçu, c’est magnifique. », raconte-t-il. « Par contre, en visitant le « Musée de la Guerre » et le « Musée de l’Occupation », je me suis senti mal à l’aise, constatant l’importance que l’on y accordait aux légionnaires lettons de la Waffen-SS. J’ai ressenti un manque de distance critique. Certes, à Riga, il y a aussi le ‘’Musée des Juifs de Lettonie’’ qui rappelle les massacres de masse, la participation de bataillons de police lettons à l’Holocauste - la communauté juive lettonne qui comptait 80.000 personnes avant la guerre a été complètement anéantie. On entretient aussi le souvenir de Janis Lipke qui fit partie ces quelques « justes » lettons qui cachèrent des Juifs. Mais en même temps, la question des biens spoliés n’est pas résolue et, chaque année en mars, des ex-légionnaires SS, leurs familles et leurs supporters défilent dans les rues de Riga. »
Photo : Belga
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Roland Binet poursuit : « Quelques années après mon premier séjour, cela m’a amené à revenir à Riga. Je voulais observer cette ‘’journée des légionnaires’’ de mes yeux : croyez-moi, cette célébration, ces drapeaux, ces chants nationalistes, cela fait froid dans le dos. Quand j’ai vu cela, j’étais stupéfait. Mais j’étais loin d’imaginer, qu’un jour, on érigerait monument pour célébrer ces mêmes Waffen-SS en Belgique ! »
« Toute tentative de justifier le fait d’avoir combattu dans une unité de la Waffen-SS risque de renforcer le racisme, la xénophobie, l'antisémitisme et l'intolérance »
Le malaise éprouvé par Roland Binet est partagé. Par deux fois déjà, la Commission contre le Racisme et l'Intolérance du Conseil de l'Europe a publié des rapports sur la Lettonie dans lesquels elle « condamne les commémorations des personnes qui ont combattu dans la Waffen-SS et qui ont collaboré avec les nazis ». En 2012, elle soulignait que « toute tentative de justifier le fait d’avoir combattu dans une unité de la Waffen-SS et d’avoir collaboré avec les nazis risque de renforcer le racisme, la xénophobie, l'antisémitisme et l'intolérance. »
En 2019, évoquant une nouvelle fois la marche des ex-légionnaires SS et de leurs supporters à Riga, la même institution se déclarait « particulièrement préoccupée par le fait que des députés du parti de l’Alliance nationale, membre de la coalition au pouvoir, aient été vus à plusieurs reprises à ces cérémonies ». Et de renouveler sa « recommandation aux autorités lettones de condamner toute initiative visant à rendre hommage à des personnes ayant combattu dans une unité de la Waffen-SS. »
En Lettonie aussi, la question des légionnaires SS fait débat. A chaque fois que ces nostalgiques défilent, des contre-manifestants cherchent à faire entendre leur désapprobation au nom du souvenir des victimes du nazisme. En 1998, le parlement letton a décidé de donner un statut officiel à cette manifestation mais, trois ans plus tard, sous la pression internationale et alors que la Lettonie allait bientôt rejoindre l’Union européenne (1er mai 2004), « la journée de la légion » a été rangée dans le rayon des événements officieux. Mieux, la ville de Riga a voulu l’interdire mais, à la suite d’un recours juridique introduit par ses organisateurs devant les tribunaux locaux, la marche des légionnaires a été maintenue.
Les milieux nationalistes lettons avancent régulièrement des arguments qui, d’après eux, permettent de célébrer ces légionnaires. Ils soulignent qu’en octobre 1939, la Lettonie fut victime du pacte germano-soviétique qui déboucha, en 1940, sur une première occupation par l’URSS : des milliers de Lettons furent alors déportés par le régime stalinien. A partir de l’été 1941, la Lettonie fut l’objet d’une seconde occupation, lorsque les nazis attaquèrent à l’Est.
Comment se fait-il que des milliers de Lettons en arrivèrent ensuite à endosser l’uniforme de la Waffen-SS ? Le discours officiel letton appuie l’idée qu’il ne s’est pas agi d’un acte volontaire : « L’Allemagne nazie a formé la Légion lettone en 1943, violant ainsi la Convention de La Haye de 1907 qui interdit aux puissances occupantes de recruter dans leur armée les habitants des territoires occupés. Les conscrits ont été appelés « volontaires » pour contourner la Convention. Ceux qui tentaient d’éviter la conscription dans la Légion risquaient d’être emprisonnés et condamnés à mort. La Légion lettone était une unité de première ligne, dont un tiers des soldats est mort sur le front. Aucun légionnaire n’a jamais été reconnu coupable de crimes de guerre en tant que membre de la légion. », dixit un communiqué publié en 2015 par l’ambassade de Lettonie en France.
Aussi, le jugement prononcé en 1946 par le tribunal de Nuremberg est souvent convoqué dans ce débat. Celui-ci a considéré que la SS, - en ce compris ses bataillons de la Waffen-SS - était une organisation criminelle mais, selon une certaine lecture lettone de l’histoire, les légionnaires des 15ème et 19ème division SS échapperaient à l’opprobre parce que le dispositif dudit jugement donna l’absolution à « ceux qui furent incorporés d’office par l'État dans cette organisation » (ndlr : autrement dit les conscrits).
Pour finir de parachever leur brevet de moralité, les nationalistes de Riga rappellent que des légionnaires lettons furent employés comme « gardiens » de prisonniers nazis pendant le procès de Nuremberg. Et ils citent souvent une décision de la « Commission des personnes déplacées », rendue à New York en 1950 : « Les unités baltiques de la Waffen-SS étaient complètement différentes des unités SS allemandes, à la fois pour leur but et leur idéologie (…) Ces organisations ne sont pas hostiles au Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique. »
In fine, selon un certain roman national letton, ces légionnaires SS ne sont plus considérés tels des collaborateurs des nazis mais comme des héros de l’antisoviétisme, des « combattants pour la liberté » qui affrontèrent l’Armée rouge dans la lutte pour leur indépendance nationale.
Cette lecture lettonne des faits est contestée par nombres d’historiens russes qui ont mis en exergue des crimes de guerre commis contre des populations civiles par les légionnaires lettons en Russie et en Biélorussie. Dans cette veine, la Fédération de Russie publia en 2004 un mémorandum intitulé « De la participation de la légion lettone SS aux événements de la guerre de 1941-1945 et des tentatives de la Lettonie de réviser les conclusions du procès de Nuremberg ».
Mais les Russes sont accusés par les Lettons de mener une « campagne de dénigrement contre le gouvernement de la Lettonie, en attribuant au gouvernement et au peuple letton des sympathies pour le nazisme », dixit le communiqué déjà cité de l’ambassade de Lettonie en France. Lequel précise que « la Lettonie a toujours condamné les crimes contre l’humanité des deux régimes totalitaires et elle condamne l’Holocauste ».
« S’engager dans la SS en 1943 était très signifiant alors que cette organisation criminelle était à l’œuvre en Lettonie, au vu et au su de tous, depuis 1941 »
Le Dr Leanid Kazyrytski enseigne le droit pénal et la criminologie à l'Université de Gérone (Espagne). Ses travaux portent notamment sur les génocides et les formes contemporaines de glorification du nazisme. En 2016, ce chercheur a publié une étude juridique consacrée aux légionnaires lettons célébrés à Riga et, désormais aussi en Belgique, à Zedelgem.
Ce scientifique attire l’attention sur une période de l’histoire peu présente dans la version nationaliste lettonne : ce qui se passa entre l’invasion allemande durant l’été 1941 et la formation de la Légion au début de l’hiver 1943 : « Dès les premiers jours de l'occupation allemande naissent de bataillons de police lettons (Lettische Schutzmannschafts-Bataillone) composés de civils volontaires. Ils seront les complices dévoués des criminels de guerre nazis dans des opérations punitives, notamment en Biélorussie, contre des partisans et contre des populations civiles. Ces collaborateurs lettons participèrent aussi à des pogroms, à la mécanique génocidaire du ghetto de Riga, à la ‘’gestion’’ du camp de concentration de Salaspils (à proximité de la capitale lettone) où des dizaines de milliers de personnes, dont beaucoup d’enfants, perdirent la vie dans des conditions horribles (faim, froid, mauvais traitements). Ces bataillons de collaborateurs ont joué un rôle actif et très important dans l’extermination de la communauté juive de Lettonie. »
On peut par exemple mentionner le « Sonderkommando Arājs », supplétif des Einsatzgruppen SS qui se livraient à des massacres de masse des populations juives. Des collaborateurs lettons furent notamment présents dans la forêt à Rumbula, près de Riga, lorsqu’en trois journées indicibles de l’hiver 1941, 26.000 juifs furent exécutés par balle. « Dans ce débat, il est important de comprendre que ces « volontaires » de la première heure constitueront le noyau dur de la légion lettonne à partir de 1943 », souligne Kazyrytski. Ainsi Viktor Arajs rejoindra la 19ème division lettonne en 1944, tandis que le gouvernement letton de collaboration soutenait le recrutement des légionnaires.
Lors de ses recherches, Karyrytski a aussi exhumé un ordre d’Himmler daté du 26 mai 1943. Important en termes de responsabilité juridique, « ce document établit que la Légion lettonne était une entité qui comprenait toutes les unités lettonnes subordonnées à la SS en ce compris les bataillons de police lettons. »
Pour ce chercheur, le discours letton sur la « conscription » des légionnaires doit être relativisé : « Ceux qui ont rejoint la Waffen-SS ont fait un choix : les Allemands proposaient aussi l’alternative d’un service de travail dans leur industrie de guerre. Aussi, ils pouvaient déserter : en 1944, 32, 2% des Lettons invités à rejoindre des bureaux de recrutement ne s’y présentèrent pas… S’engager dans la SS en 1943 était très signifiant alors que cette organisation criminelle était à l’œuvre en Lettonie, au vu et au su de tous, depuis 1941. De plus, il y a une contradiction dans le roman letton qui décrit des légionnaires qui étaient à la fois des « malgré nous » et des « combattants pour la liberté ». Doit-on être forcé de combattre pour sa liberté ? Hitler n’a jamais promis une quelconque autonomie pour la Lettonie et dès lors on ne voit pas en quoi le port de l’uniforme SS conduisait à la ‘’liberté’’… »
Kazyrytski affirme encore qu’« il existe des preuves solides, non seulement de la participation de bataillons de police lettons à la commission de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, mais aussi de l'engagement de la Légion SS lettone en tant que telle dans la commission de ces crimes. Entre autres exemples, entre décembre 1943 et avril 1944, la 19ème division Waffens-SS a participé à des opérations punitives en Russie et en Biélorussie durant lesquels des villages ont été incendiés, de nombreux civils ont été tués, parfois brûlés vifs dans leur maison. »
A propos du jugement de Nuremberg, ce chercheur explique que « cet élément ne saurait être utilisé comme preuve de la non-implication de la Légion dans la commission de crimes de guerre. Ceux-ci ont été documentés ultérieurement à ce prononcé qui, de toute manière, n’a jamais eu comme signification juridique ou politique d’absoudre les auteurs de tels faits. »
D’ailleurs, précise-t-il encore, cette affaire doit être abordée en tenant compte du contexte géostratégique de l’immédiate après-guerre : « Après s’être rendus aux alliés pour échapper à l’Armée rouge, des légionnaires lettons ont été détenus pendant une courte période. Relâchés, ils sont restés à l’Ouest parce que la Lettonie était redevenue soviétique. Ils ont créé diverses organisations utilisées à des fins de propagande contre l'URSS. C’est dans ce contexte de guerre froide qu’il faut lire certaines prises de position occidentales – notamment américaines – qui ont fait un distinguo entre les unités SS lettonnes et les autres formations Waffen-SS. »
A cet égard, le cas de Viktor Arajs, déjà évoqué plus haut, est fort parlant. Ce criminel fut à la tête d’un commando qui participa très activement à l’Holocauste en Lettonie. On lui attribue plus de 50.000 morts. Arajs fut arrêté par les Britanniques après la guerre mais, plutôt que d’être traduit en justice alors de que de nombreuses preuves existaient déjà contre lui, il fut libéré en 1949 dans des circonstances qui n’ont jamais été éclaircies. In fine, ce criminel fut même employé par les forces armées britanniques et il confia, à qui voulait l’entendre, qu’on lui avait proposé de travailler pour les services de renseignement britanniques dans le cadre de missions menées contre l’URSS. Arajs fut finalement rattrapé par la justice allemande et, en 1979, il fut condamné à la perpétuité, notamment pour sa participation au massacre de Rumbula.
Du côté de l’URSS aussi, on ferma les yeux : « Dans l’immédiate après-guerre, les autorités soviétiques n'étaient pas intéressées par la recherche de toute la vérité sur le degré de collaboration avec les nazis de certains citoyens de leurs républiques », explique Kazyrytski. « L’idéologie stalinienne imposait une vision des choses selon laquelle tous les camarades de l’URSS avaient été unis dans la lutte contre le nazisme. Les légionnaires et les bataillons de police lettons bénéficièrent de cette myopie volontaire mais ils ne furent pas les seuls. Des informations prouvant que d’autres subdivisions de la SS furent presqu’entièrement composées de Russes, de Biélorusses, d'Ukrainiens et d'autres peuples de l'URSS ont également été dissimulées par le régime stalinien. »
La Dr Juliette Denis a étudié en profondeur la question des exilés baltes après 1945. Cette historienne française qui enseigne à Paris confirme : « Dans le contexte de la guerre froide, la question des très nombreux déplacés lettons (et celle de Baltes en général) a été instrumentalisée par les puissances qui s’opposaient. Il est clair que ces exilés eux-mêmes ont participé à ce processus. Ils avaient quitté leur pays pour échapper à la réoccupation soviétique et ils ont évidemment surfé sur les antagonismes entre l’Est et l’Ouest par la voix de leurs représentants dans le cadre de démarches collectives. De telle manière que leur étiquette de « complices de Hitler » a été atténuée au profit d’une autre, celle de « victimes de Staline ». La réalité est que parmi ces Lettons exilés, il y avait aussi bien des criminels de guerre et des collaborateurs notoires qui réussirent ainsi à masquer leur participation à l’occupation allemande et à l’extermination des Juifs, que des citoyens uniquement mus par la peur du retour à l’ordre soviétique. La part des uns et des autres demeure impossible à déterminer mais les cas de nombreux criminels de guerre ont été documentés. »
A vrai dire, on n’est jamais arrivé à sortir d’une ambiguïté déjà bien perçue dans l’immédiate après-guerre. Dans l’un de ses articles scientifiques, Juliette Denis a notamment mis en exergue une note du Comité International de la Croix Rouge datant de 1945. Ce document résume parfaitement cet aspect du débat en ces termes : « Outre les collaborationnistes et criminels de guerre, qui cherchent naturellement à éviter le rapatriement afin de ne pas avoir à rendre de comptes à la justice, et pour lesquels le CICR n’a pas à intervenir, un grand nombre de réfugiés de nationalités alliées, ex-ennemies ou neutres ne désirent pas être rapatriés pour des raisons politiques ou autres, ceci au moins temporairement. »
Rédactrice en chef du site « Regard sur l’Est » et chargée de cours à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales à Paris, Céline Bayou a écrit de nombreux articles et ouvrages sur la Lettonie. Elle explique qu’« il serait erroné de voir les Lettons comme un bloc homogène de nationalistes refusant de regarder l’histoire droit dans les yeux. Mais, dans le même temps, il est incontestable que ce pays indépendant depuis peu avance difficilement, en trébuchant parfois dans l’écriture de son ‘roman national’. Depuis 1991, il y a eu quelques rendez-vous manqués entre la vérité historique (ce qui s’est réellement passé) – et la mémoire (la lecture collective que l’on fait de ce qui s’est passé). »
A cet égard, notre interlocutrice a co-écrit un article éclairant consacré à ces difficultés mémorielles, lequel était centré sur la (les) perception(s) lettonne(s) de l’histoire du camp de concentration de Salaspils.
« Une terrible erreur qui insulte les soldats alliés qui ont combattu les nazis, ainsi que les millions de victimes innocentes du Troisième Reich »
A Jérusalem, le Dr Efraim Zuroff dirige le bureau des Affaires d’Europe de l’Est du Centre Simon Wiesenthal. Ce chasseur de nazis connait particulièrement bien l’histoire de l’Holocauste dans les pays baltes. Pour lui, le monument érigé à Zedelgem est chose insupportable, au même titre que les marches célébrant les légionnaires lettons de la Waffen-SS qui ont lieu à Riga. Il nous dit : « À mon sens, l’hommage rendu à ces hommes est une terrible erreur qui insulte les soldats alliés qui ont combattu les nazis, ainsi que les millions de victimes innocentes du Troisième Reich. Les partisans d'un monument comme celui de Zedelgem et des événements organisés chaque année en Lettonie - contre lesquels j'ai personnellement protesté à Riga - pour honorer la mémoire de ces légionnaires SS tentent de présenter ces hommes comme des "combattants de la liberté". Ils affirment que leur but était de vaincre l'Union soviétique et d'établir une Lettonie indépendante. Ils disent que ces hommes n'ont participé à aucun crime de l'Holocauste. Ils disent encore qu’ils ont été enrôlés par les nazis et ne se sont pas portés volontaires, et qu'en réalité, leur service dans la Légion lettone a ouvert la voie à l'établissement de la Lettonie démocratique actuelle. Pourtant, rien n'est plus faux car les nazis n'avaient absolument pas l'intention de rétablir l'indépendance des pays baltes. La vérité est que ces hommes se sont battus pour la victoire du régime le plus génocidaire de l'histoire de l'humanité. Environ un tiers d'entre eux se sont portés volontaires pour rejoindre l'unité, parmi lesquels de nombreux hommes qui avaient participé activement au meurtre de masse des Juifs en 1941-1942, avant la création de la Légion. »
« Comment peut-on utiliser des soldats qui ont combattu pour le IIIe Reich et dans la SS pour glorifier le concept de liberté ? »
Des thèses et des arguments se confrontent et ce n’est pas dans cet article que l’on tranchera toutes les questions relatives à l’histoire controversée de la Légion lettonne. Mais on entrevoit bien maintenant toute la complexité du problème que pose l’érection du monument de Zedelgem.
Pierre Muller, doctorant en histoire contemporaine à l’UC-Louvain et spécialiste des deux guerres mondiales, qualifie « d’imprudente » la démarche de la commune flandrienne. Il se dit « interpellé par le silence du monde politique belge. Il devrait se prononcer clairement sur l'opportunité ou non de commémorer la légion lettone. Cette thématique ne concerne pas que les historiens ».
Sur l’un des sites du Cegesoma (Belgium WWII), Muller décode l’affaire en ces termes : « Ce monument est porteur d’enjeux historiques, mais aussi idéologiques et politiques importants, tant en Lettonie qu’en Belgique. Si la commune de Zedelgem et les instigateurs de ce monument se défendent de vouloir rendre acceptable le combat de ces hommes en faveur du régime nazi, il est néanmoins évident que ce lieu mémoriel est problématique : il présente sans équivoques les légionnaires lettons comme des soldats de la liberté. On pourrait y voir une analogie avec les autres combattants non-allemands ayant combattu sur le Front de l’Est. Cette vision édulcorée de l’Histoire, promouvant l’idée que l’ensemble des légionnaires lettons étaient des héros ou des victimes, est dangereuse et génère une ambiguïté malsaine. Comment peut-on utiliser des soldats qui ont combattu pour le IIIe Reich et dans la SS pour glorifier le concept de liberté ? »
« Une commune avant tout patriotique »
Fin mars 2021, dans un texte qui a été transmis à Wilfred Burie et à diverses associations patriotiques, Zedelgem a officiellement exprimé sa position, affirmant être « une commune avant tout patriotique (…) qui ne veut laisser planer aucun doute sur le fait qu’elle condamne les horribles actes de guerre qui ont eu lieu sous la domination allemande des nazis » et qui est « particulièrement touchée et attristée lorsqu'il est insinué qu’elle honorerait les membres de la Waffen-SS ou qu’elle voudrait leur rendre hommage. »
Les autorités locales soulignent que « plus de 100 000 soldats de différentes nationalités » (majoritairement des Allemands) furent détenus dans le camp de prisonniers du Vloethemveld. Avec une phraséologie alambiquée, elles plaident que la ruche fait référence à « la liberté sous tous ses aspects », à savoir, « l'aspiration générale à la liberté pendant l'emprisonnement, mais aussi la liberté retrouvée par ces nombreux prisonniers de guerre » (en 1946).
Elles affirment enfin que « l'œuvre a été érigée en mémoire de la liberté universelle et non pas en l'honneur d'un groupe ou d'une section de prisonniers de guerre. »
(On pourra lire l'intégralité de ce communiqué à la fin du dossier)
Un élu « Vlaams Belang » décoré par le président de la Lettonie
A Riga, un autre discours est tenu. Sur le site internet du Musée de l'Occupation, partenaire de Zedelgem dans l'inauguration de la « ruche », il est dit explicitement que ce « monument à la liberté commémore les légionnaires lettons ».
On rend aussi un hommage appuyé à Pol Denys, un conseiller communal de Zedelgem étiqueté Vlaams Belang (VB). Le site du musée informant que, « le 18 novembre 2019, le président de la Lettonie, Egils Levits, et le chapitre des ordres ont remis la croix de la reconnaissance à Pol Denys pour un travail exceptionnel réalisé au profit de la Lettonie. Pol Denys est un historien qui a initié la coopération de la ville de Zedelgem et du Musée de l’Occupation (…) Paul Denys a été désigné par le musée en raison de ses recherches approfondies sur l’histoire de la Lettonie et de ses efforts pour commémorer le sort des soldats lettons pendant la Seconde Guerre mondiale. (…) Actuellement, Pol Denys est engagé dans la transformation de l’ancien camp de prisonniers de guerre du Vloethemveld en une réserve naturelle ouverte au public. (…) Les soldats lettons feront l’objet d’une attention particulière, car ils ont gardé vivante leur conviction de s’être battus pour la liberté de la Lettonie, malgré le fait qu’ils aient combattu dans une armée étrangère. »
Sur un autre site intitulé « Latvians.com » qui se vante d’avoir des contacts avec le même conseiller communal-historien-militant-Vlaams Belang, on lit aussi : « La ville de Zedelgem travaille à préserver pour la postérité ce qu’il reste du camp de prisonniers de guerre afin que l’histoire puisse être racontée aux générations à venir. Une histoire qui témoigne avant tout de la vivacité de l’esprit letton, de la volonté de survivre. (…) Il y a aussi une initiative visant à reconnaître les soldats flamands qui ont combattu le communisme sur le front de l’Est. Bien sûr, c’est plus problématique, car la Russie dénonce encore officiellement quiconque est antisoviétique pendant la Seconde Guerre mondiale comme un nazi. »
Des collabos flamands transformés en héros de la lutte contre le communisme ? Comme on le voit, certains raccourcis historiques fonctionnent en miroir en Lettonie et en Flandre, en tous cas dans une certaine Flandre, celle de l’extrême-droite, celle du ‘’Belang’’. Cette façon de voir renvoie de manière saisissante à la propagande qui était faite par les nazis dans les pays qu’ils occupaient en Europe : le slogan « Contre le Bolchévisme, engage-toi dans la Légion », a été en effet décliné dans de nombreuses langues. Coordinateur de RésistanceS, le web journal de l’Observatoire belge de l’extrême droite, Manuel Abramowicz constate que « la tendance à réviser l’histoire en ce sens est apparue dès l’immédiate après-guerre dans le mouvement nationaliste flamand qui se nourrissait alors du contexte de la guerre froide. En angle mort, il y a cette revendication pour l’amnistie des collaborateurs. Ancienne, elle figurait autrefois au programme de la Volksunie, l’ancêtre de l’actuelle N-VA. En 2024, si le Vlaams Belang devait arriver au pouvoir en Flandre, cela viendrait certainement à l’ordre du jour. »
On notera que la commune de Zedelgem n’est pas administrée par le Belang mais par une majorité CD&V, laquelle soutient les projets « mémoriels » de Pol Denys depuis longtemps. En 2012, ce dernier participa à l’organisation d’une exposition sur le camp de prisonnier qui fut présentée dans l’hôtel de ville. En juin 2014, le bourgmestre d’alors, Paul Arnou (CD&V) s’affichait avec Denys et « les deux derniers survivants lettons de l’ancien camp de prisonniers de guerre » dans le quotidien Het Laatste Nieuws (HLN).
En 2016, Arnou posait une nouvelle fois avec Denys pour le quotidien « Het Niewsblad ». L’article annonçait : « Zedelgem aura un 'Brivibaplein' (…) ‘’Briviba’’ veut dire ‘’liberté’’ en letton. L’objectif est de donner un caractère durable aux contacts avec la Lettonie. »
En mars 2019, HLN relayait l’indignation de conseillers communaux socialistes et écologistes de Zedelgem qui estimaient que le cordon sanitaire était rompu alors que Pol Denys venait d’être élu comme membre du Conseil de Police. Un mandataire de Groen fit alors cette déclaration : « Apparemment, la majorité CD&V pense qu’un parti raciste est apte à participer à un conseil de police ». Mais la bourgmestre Annick Vermeulen (CD&V) avait répliqué, disant que cette nomination était le fruit d’un vote démocratique et qu’elle n’avait donc « rien d’étrange ».
Une vision complète ou sélective de l’histoire ?
A quelques mètres de la « ruche lettone » érigée à Zedelgem, une plaque signalétique présente l’ouvrage en trois langues (néerlandais, anglais et letton). A la lumière des éléments que nous avons exposés, chacun jugera si une telle présentation est objective ou si, par ses non-dits, elle constitue une prise de position politique éminemment contestable. On se mettra aussi à la place d’un enfant qui lirait cette plaque en se demandant si on lui a transmis une vision complète ou sélective de l’Histoire.
La plaque renseigne ceci : « Cette ruche lettone sur Brivibaplein (ndlr : place de la Liberté) relie l'histoire de la Lettonie et de Zedelgem. Elle symbolise la liberté sous tous ses aspects. La ruche est la nation, les abeilles sont les personnes travailleuses et pacifiques, tant qu'elles ne sont pas menacées. Le son du bourdonnement des abeilles représente la vitalité d'une société harmonieuse. La Lettonie est devenue indépendante en 1918. En 1940, elle a été occupée par l'Union soviétique et en 1941 par l'Allemagne nazie. C'est ainsi que de jeunes lettons ont été recrutés dans les forces armées allemandes pour lutter contre l'armée soviétique. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux soldats lettons se sont rendus aux Alliés occidentaux. Près de 12 000 d'entre eux ont fini dans le camp de prisonniers de guerre de Zedelgem de 1945 à 1946. Après avoir recouvré la liberté, ils sont restés à l'Ouest. La Lettonie n'a retrouvé son indépendance qu'en 1991. Le nombre d'abeilles dans une ruche moyenne correspond au nombre de prisonniers de guerre lettons à Zedelgem. Ce monument, conçu par l'artiste letton Kristaps Gulbis, est un projet de la commune de Zedelgem et du Musée de l'Occupation de la Lettonie. »
Pour la bonne forme, on mentionnera enfin ce texte produit par la Commune de Zedelgem. Il fut remis à Wilfred Burie et aux responsables d’autres associations patriotiques à la fin mars 2021. Chacun jugera de la pertinence des arguments utilisés pour défendre la présence de la « ruche lettonne » sur « une place de la liberté » :
« La commune de Zedelgem est une commune avant tout patriotique et fortement attachée au patrimoine et aux archives ce qui se traduit par diverses activités commémoratives. À Zedelgem le collège du bourgmestre et des échevins comprend parfaitement la sensibilité particulière des Anciens Combattants et de leurs proches à tout ce qui touche aux guerres mondiales et ce, à juste titre. C'est pourquoi la commune de Zedelgem ne veut laisser planer aucun doute sur le fait qu’elle condamne les horribles actes de guerre qui ont eu lieu sous la domination des nazis. Nous sommes particulièrement touchés et attristés lorsqu'il est insinué que notre commune honorerait soi-disant les membres de la Waffen-SS et/ou voudrait leur rendre hommage par le symbole de la ruche, cette oeuvre d'art évoquée.
Au contraire, la commune de Zedelgem porte une attention toute spéciale aux guerres en Europe. Nous sommes particulièrement fiers qu'au cours des dernières années, nous avons pu développer des activités merveilleuses et uniques grâce à une excellente entente avec nos associations patriotiques et avec nos vétérans. Chaque année, des activités uniques et réussies sont réalisées, impliquant les communautés scolaires ainsi que des publications. Les familles d'Anciens Combattants et leurs descendants sont personnellement invités aux commémorations… Bref, ce sont de merveilleux moments pleins de respect et de gratitude passés ensemble.
La commune de Zedelgem travaille depuis longtemps avec l'ANB (l’Agence Nature et Forêts), la VLM (Agence Campagne Flamande) et la commune voisine de Jabbeke pour développer la riche histoire de Vloethemveld et du camp de prisonniers afin de rendre ce patrimoine accessible au grand public. Actuellement, le domaine de Vloethemveld n'est ouvert qu'en tant que site naturel et patrimonial, mais dans un proche avenir un centre d'accueil y sera également installé et racontera l'histoire du camp.
Le Vloethemveld est une réserve naturelle unique d'environ 330 hectares, située dans la zone frontalière de Jabbeke et Zedelgem. Au cours du 20e siècle, le Vloethemveld a également reçu une destination militaire, en tant que dépôt de munitions de l'armée belge (1924-1994) et en tant que camp de prisonniers de guerre britannique (1944-1946), où se sont entassés probablement plus de 100 000 soldats de différentes nationalités.
Dans le cadre de l'emprisonnement de longue durée des nombreux prisonniers de guerre du camp de Vloethemveld, un monument a été érigé dans la commune de Zedelgem en 2018. Ce monument fait référence à la "liberté" sous tous ses aspects : l'aspiration générale à la liberté pendant l'emprisonnement, mais aussi la liberté retrouvée que les nombreux prisonniers de guerre ont connue à leur libération.
La commune souligne que l'œuvre d'art a été érigée en mémoire de la liberté universelle de chacun d'entre nous et n'est pas placée en l'honneur ou en commémoration d'un groupe ou d'une section de prisonniers de guerre. L'œuvre d'art est donc située sur une place de Zedelgem qui porte le nom de « liberté ». En référence au monument qui a été construit en novembre 1918 dans le camp de prisonniers de guerre lui-même et comme un lien inextricable avec cette histoire également, cette place a reçu le nom de « Place Briviba".
La commune de Zedelgem dispose d'un service patrimonial et d'archives bien développé dans la région et ce précisément en raison de l'importance qu'elle attache à la préservation et à la transmission du patrimoine local. La commune s'investit donc très fortement dans l'accompagnement de ses vétérans et des associations d’Anciens Combattants ainsi que dans l'organisation de cérémonies patriotiques afin de faire vivre la mémoire auprès d'un large public. »
Fin de citation… Bientôt le début d’un débat politique en Belgique ?