Nettoyage pas très net



Une enquête de Frédéric Loore




Environs de la gare du Midi à Bruxelles. Le soleil s’est arraché à la nuit depuis peu et la ville s’agite déjà dans le petit matin de juillet. À hauteur de la place Bara, trois rues forment un triangle inversé. Un îlot portugais en plein cœur de la capitale. Les portes des cafés sont encore fermées à cette heure-ci et leurs terrasses désertes. Ils ouvriront pour l’arrivée des premiers habitués. L’arôme des expressos se mélangera bientôt à la volupté des accents lusitaniens, lorsque les conversations chantantes s’échapperont de dessous les paravents tendus.



Combien sont-ils, ces descendants libérés des anciens esclaves qui ont peuplé le Brésil et qui, ironie de l’Histoire, renouent avec la condition de leurs ancêtres ?

Un ballet de camionnettes en enfilade crée une agitation soudaine le long des boulevards. À tour de rôle, les véhicules embarquent des grappes d’hommes en tenue de travail qui font le pied de grue devant certaines enseignes. Dans ce quartier où règne une atmosphère de transit permanent, la scène s’intègre parfaitement à la toile de fond du quotidien. Personne ne semble intrigué par ce drôle de ramassage matinal, pas même les policiers qui sillonnent les parages.

L’endroit est pourtant l’un des points de chute d’une gigantesque filière de travailleurs brésiliens qui se ramifie sur les marchés européens de l’emploi précaire et illégal depuis une quinzaine d’années. Les établissements devant lesquels ils se vendent au rabais dès l’aube comptent parmi les lieux festifs prisés de la diaspora portugaise, ceux où l’on s’amuse le week-end et qui, la semaine venue, se transforment en cafés d’embauche au noir.




C’est ici, notamment, que recrutent les « patrons », même si en raison de la pandémie et du confinement, ils sont surtout actifs sur Internet et les groupes fermés sur Facebook. Des intermédiaires de sociétés officiellement installées au Portugal, actives dans la sous-traitance pour le compte d’entreprises belges. Mais le plus souvent, il s’agit de coquilles vides, créées dans l’unique but de blanchir la fourniture d’une main-d’œuvre bon marché. C’est ici également que les Brésiliens de Bruxelles dénichent le contact des vendeurs de sésames grâce auxquels ils peuvent s’acheter un semblant de légalité. Le catalogue des faux nez est large : cela va du titre de séjour à l’acte de naissance ou au permis de conduire, en passant par différentes attestations prouvant que leur détenteur preste un travail déclaré en Belgique.


Commune de Saint-Gilles, au petit matin. Des travailleurs brésiliens rassemblés autour du "patron" qui distribue les chantiers du jour. Ils sont des milliers à vendre leur force de travail à des sociétés portugaises sous-traitantes. Une partie est active dans le secteur du nettoyage.



Au lever du jour, tout ce petit monde laborieux quitte les squats ouvriers qu’il occupe à Saint-Gilles, Forest et Anderlecht pour se rendre aux points d’embarquement situés autour de la gare du Midi, mais également dans le périmètre de la Barrière de Saint-Gilles, autre enclave portugaise de la capitale. Les hommes prennent la direction de chantiers de construction publics et privés (gares, hôpitaux, centres commerciaux) où ils s’esquintent à longueur de journée au profit de géants belges du bâtiment. Suivant les informations que nous avons pu recueillir, leurs « salaires » varient entre 1 100 euros net par mois et deux euros de l’heure pour les plus mal placés dans la chaîne des sous-traitances. Une partie d’entre eux intègrent aux mêmes tarifs des structures spécialisées dans le déblayage des chantiers. D’autres atterrissent dans des entreprises de nettoyage de bureaux et de lavage de vitres. Quant aux femmes, on les retrouve dans les secteurs de l’aide ménagère et du nettoyage également, où l’on exploite tout autant leur vulnérabilité de travailleuses migrantes.




Combien sont-ils, ces descendants libérés des anciens esclaves qui ont peuplé le Brésil et qui, ironie de l’Histoire, renouent avec la condition de leurs ancêtres ? Selon plusieurs sources portugaises extrêmement fiables, ils sont plusieurs dizaines de milliers concentrés dans et autour de Bruxelles. On dénombre également des ribambelles d’entreprises actives sur le territoire. « La plupart de ces sociétés ont une durée de vie limitée, moins d’un an », nous explique une source. « Au Portugal, vous pouvez en créer tant que vous voulez avec un capital d’un euro. Des centaines de juristes et de comptables se sont spécialisés dans la prestation de ce type de service. Parmi eux, il y a une armée d’avocats brésiliens nouvellement arrivés et dont beaucoup n’ont même pas de statut de résident légal. »

« Des sociétés Kleenex domiciliées dans des cimetières »

En 2010, un procès retentissant s’est tenu devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. On y a jugé les membres d’une association de malfaiteurs brésiliens, impliqués depuis le début des années 2000 dans un circuit international de main-d’œuvre illégale et de traite des êtres humains. Une activité opacifiée par des sociétés écrans et des hommes de paille, destinée à trafiquer sur une grande échelle des travailleurs recrutés au Brésil, mais frauduleusement transformés en Portugais de façon à ce qu’ils puissent se fondre dans l’espace Schengen.

« Il s’agit de sociétés Kleenex. Elles n’ont pratiquement aucune activité économique réelle au Portugal. Leurs adresses officielles peuvent conduire à des cimetières ou des terrains vagues »

Selon une évaluation de l’auditorat du travail à l’époque, la filière a drainé vers la Belgique pas moins de 40 000 de ces « fantômes » qui, d’une sous-traitance à l’autre, ont travaillé sur les plus grands chantiers du pays, depuis les tours Madou et Rogier à Bruxelles jusqu’au palais de justice d’Anvers ! Pour échapper aux contrôles, ils avaient recours à de faux documents d’identité portugais achetés entre 500 et 1000 euros pièce. Munis de ceux-ci, ils se présentaient dans les administrations communales bruxelloises, se faisaient identifier comme ressortissants européens et, en contrepartie, obtenaient une carte de séjour de cinq mois. Durant cette période, ils étaient tenus de produire des preuves de revenus. Ce qu’ils faisaient sans mal grâce à celles fournies par les entreprises aux mains des recruteurs. Au bout des cinq mois, ils se voyaient automatiquement remettre un titre de séjour valable cinq ans. Les boss n’avaient alors plus qu’à blanchir les plantureux bénéfices générés par cette traite économique bien rodée.


Deux hommes attendent le ramassage. Certains jours, on assiste à un véritable ballet de camionnettes. Toutefois, en raison de la pandémie, les candidats se font plus rares en rue, le recrutement s'effectue directement sur les réseaux sociaux.



À voir ce qui se passe aujourd’hui sur les réseaux sociaux et ailleurs, ainsi qu’au regard de l’estimation faite par nos sources du nombre de migrants économiques brésiliens présents en Belgique, on peut se demander si quelque chose a véritablement changé depuis le procès de 2010. « Le démantèlement de la filière et le procès de ses organisateurs a tout de même porté un coup dur au milieu », explique Bruno Devillé, inspecteur social à la direction bruxelloise de l’ONSS et responsable de la cellule ecosoc (socio-économique) et traite des êtres humains. « Mais depuis, les exploiteurs se sont adaptés. Pour contourner, par exemple, la plus grande vigilance demandée aux communes en matière de contrôle des pièces d’identité que des ressortissants étrangers leur présentent. Les Brésiliens évitent désormais de se faire enregistrer aux guichets des administrations de Saint-Gilles ou de Forest, bien au courant de la fraude aux documents portugais. Ils tentent leur chance plus loin, en province de Hainaut ou de Namur. D’autres font pareil, notamment les Moldaves, qui s’inscrivent à l’aide de documents roumains. »


La petite enclave portugaise aux abords de la gare du Midi est l'un des points de chute des filières brésiliennes de main-d'œuvre illégale et précaire.



Du reste, selon l’inspecteur social, ce sont principalement les têtes de réseau qui cherchent à se procurer un titre de résident de longue durée, dans le but de faire prospérer leur trafic. « Leurs petites mains se contentent parfois de faire du tourisme économique avant de laisser la place aux suivants », explique-t-il. « L’autre problème, c’est la facilité avec laquelle les Brésiliens peuvent obtenir un permis de séjour au Portugal, ce qui les autorise ensuite à circuler librement en Europe. Et puis, vous avez la combine des travailleurs détachés. » En vertu du principe de libre circulation des services au sein de l’Union européenne, un travailleur détaché est un salarié envoyé par son employeur dans un autre État de l’UE pour y effectuer une prestation temporaire à la demande d’un client. Cela fonctionne également pour les indépendants et donne droit au séjour sous certaines conditions.




Les organisations brésiliennes tirent profit de ce statut particulier en multipliant les sociétés boîtes aux lettres au Portugal. Ensuite, elles détachent fictivement leurs prétendus ouvriers, vrais ou faux résidents portugais, notamment vers la Belgique. « Il s’agit de sociétés Kleenex », constate Bruno Devillé. « Elles n’ont pratiquement aucune activité économique réelle au Portugal, et parfois même aucune existence légale. Leurs adresses officielles peuvent conduire à des cimetières ou des terrains vagues. Ce système sophistiqué permet à des individus de se livrer non seulement à de l’exploitation économique, mais aussi à un véritable hold-up si l’on prend en considération la fraude sociale et fiscale que génère leur business. »

Dans la peau d’un travailleur sans-papiers

La carte n’est pas le territoire. Le territoire, c’est la réalité. La carte, elle, n’est qu’une représentation de la réalité. Pour aller au-delà des représentations de la fraude à la migration économique et nous imprégner de la réalité d’un travailleur sans-papiers à Bruxelles, nous avons pénétré son territoire.

« Dans ce domaine, nous avons de toute évidence affaire à un système bien organisé »

Tout d’abord, nous nous sommes procuré un faux permis de séjour temporaire en circulation dans la capitale, prétendument délivré au Portugal à un ressortissant brésilien. Nous l’appelerons Thiago. Ensuite, nous avons récupéré le numéro de téléphone d’un membre d’une filière vendant des papiers en règle sur un groupe Whatsapp fermé, accessible en principe uniquement aux lusophones de Belgique. Thiago l’a contacté via la messagerie instantanée de l’application.




Notre avatar s’est dit à la recherche de deux documents nécessaires pour rendre crédible un faux détachement de six mois sur un chantier de nettoyage de Woluwe, où il devait effectuer de la sous-traitance pour un client belge. Ces documents sont une déclaration Limosa (L1) et un formulaire A1. Pour obtenir le premier, l’employeur à l’origine du détachement doit se connecter au site sécurisé de l’ONSS et y enregistrer l’identité et la mission de son travailleur. Quant au formulaire A1, il est délivré par l’organisme de sécurité sociale de l’État membre de l’UE dans lequel réside l’employeur du salarié détaché. C’est un certificat européen démontrant que ce dernier est bien assujetti à la sécurité sociale dans son pays.

Il n’a pas fallu longtemps avant que le poisson morde à l’hameçon : moyennant 150 euros, le contact de Thiago s’est fait fort de lui fournir à très bref délais les PDF des deux attestations souhaitées, à produire en cas de contrôle. À charge pour notre personnage de lui communiquer une pièce d’identité, une adresse au Portugal, le numéro d’entreprise de la société belge faisant appel à ses services et l’adresse du lieu de prestation. Une capture d’écran de l’enregistrement effectif de Thiago dans les systèmes belge (L1) et portugais (A1) suivraient, ainsi qu’un numéro de compte bancaire où verser l’argent. Sitôt l’encaissement effectué, les documents seraient envoyés.


Chaussée de Forest à Saint-Gilles. Le jour à peine levé, des hommes patientent en attendant qu'on vienne les embarquer.



Thiago a fourni l’ensemble des renseignements demandés à l’intermédiaire anonyme, tous bidon à l’exception du numéro d’entreprise du soit-disant client belge, en l’occurrence Paris Match, rebaptisé « PM Clean Services ». En moins d’une demi-heure, les captures d’écran prouvant l’inscription de Thiago dans les bases de données Limosa et A1 sont arrivées. Nous avons pu vérifier la validité de la déclaration Limosa : elle est tout à fait conforme, en dépit du fait qu’aucune des informations qu’elle contient ne recouvre la réalité.

Nous avons mis fin à l’expérience sans bien sûr rétribuer l’individu. Toutefois, l’examen des pièces fait apparaître le pseudo-employeur portugais de Thiago. D’après nos recoupements, cette société est impliquée dans plus de 600 déclarations Limosa. Son nom correspond à une domiciliation officielle à Lisbonne, mais l’adresse communiquée renvoie à... un club de vacances d’Albufeira, en Algarve.

Résumons : si nous avions consenti la dépense, en l’espace de vingt-quatre heures, à l’aide d’une pièce d’identité falsifiée, notre sans-papiers brésilien se serait retrouvé en possession d’authentiques attestations susceptibles de dissimuler un séjour et du travail clandestins. Il serait donc à présent très officiellement détaché en Belgique pour six mois par le sous-traitant portugais factice de Paris Match, affecté au nettoyage d’un site imaginaire à Woluwe. Sous réserve d’un contrôle approfondi, les services de l’inspection sociale n’y verraient que du feu.

« C’est effarant et, en même temps, je ne suis pas étonnée », admet Sibille Boucquey, substitute de l’auditeur du travail de Bruxelles, en charge des dossiers d’exploitation économique. « Je peux même vous dire qu’il est assez aisé d’inscrire un illégal à la sécurité sociale. L’un des problèmes que nous avons notamment avec les sociétés de nettoyage sous-traitantes, c’est le contrôle réel de leurs données d’identification publiées au Moniteur ou à la Banque-carrefour des entreprises, qui ne correspondent pas à la réalité. »




La magistrate explique être fréquemment confrontée à des structures négrières très volatiles : « Ces sociétés vivent entre neuf et douze mois, puis sont mises en faillite après avoir amassé quantité de dettes sociales. Aussitôt, les véritables patrons, qui n’apparaissent jamais, en créent de nouvelles, y transfèrent les travailleurs ou en recrutent d’autres, réinstallent des gérants fantoches à leur tête, et c’est reparti. »

L’inspecteur Bruno Devillé pointe, lui, la dérive criminelle d’un milieu négrier qui s’étend à de nombreux secteurs, dont celui des sociétés de nettoyage. « Cette tendance tient à deux choses : d’abord, les groupes criminels ont découvert que la fraude sociale, basée sur l’exploitation d’une main-d’œuvre servile, rapportait gros et avec moins de risques que d’autres trafics. Ensuite, même quand ce ne sont pas de purs délinquants qui amassent tout cet argent, certains finissent quand même par l’injecter dans des activités criminelles. Je l’observe justement chez les Brésiliens, où d’aucuns ne se contentent plus de la traite et de la fraude associée, mais investissent le milieu prostitutionnel et celui de la drogue. »

« Je travaille jour et nuit, sous une fausse identité, pour 800 euros »

Schaerbeek accueille toute une communauté turcophone. Le quartier s’étire pour partie entre les places Liedts et de la Reine, reliées entre elles par la rue des Palais, épine dorsale de ce fragment d’Orient rebaptisé la « Petite Anatolie ». Dans ces artères à l’activité frénétique, les immeubles gris s’égaient de vitrines colorées. Boutiques et petits commerces, bars et restaurants forment un kaléidoscope d’images nostalgiques qui évoquent les bords de la mer Noire. À force de scruter, on finit par percevoir les mouvements souterrains de l’inframonde qui s’agite derrière le théâtre des apparences. Par exemple, le va-et-vient des camionnettes qui s’arrêtent aux points de rendez-vous et repartent aussitôt chargées d’hommes équipés de leur nécessaire d’entretien pour le lavage des vitres.

« J'ose le dire : en matière de lutte contre la fraude sociale, la volonté politique fait défaut »

« Beaucoup de travailleurs turcs et bulgares turcophones sont victimes d’abus dans le secteur du nettoyage, où la communauté est assez active. Mais ce ne sont pas les seuls, on y trouve aussi des Pakistanais », indique la substitute à l’auditorat bruxellois Sibille Boucquey. « Ces personnes sont exploitées parfois à la limite de la traite des êtres humains. Plus vous descendez dans la chaîne des sous-traitants et plus ça s’aggrave. Une part significative de ces travailleurs ne sont pas déclarés ou le sont pour quelques heures par semaine, mais ils prestent en réalité nettement plus. »

Levan (prénom d’emprunt) en sait quelque chose. Géorgien, la trentaine, il a grandit dans une région frontalière de la Turquie. Voici deux ans, il décide de rejoindre un cousin installé en Belgique. La promesse d’un possible emploi le pousse à laisser derrière lui sa famille et, espère-t-il, les jours noirs.




À son arrivée à Bruxelles, le réel le rattrape et ses rêves d’eldorado européen s’évanouissent. Les semaines puis les mois passent. Son visa touristique arrive à expiration et Levan se retrouve sans droit de séjour. Le Covid fait son apparition et son horizon se rétrécit soudain.

Acculé, il se voit proposer un deal, un jour, autour d’une tasse de thé à la terrasse d’un bistrot de la « Petite Anatolie ». Il raconte, malgré la loi du silence qui prévaut dans son monde : « Une connaissance turque qui gère une société m’a proposé un job de laveur de vitres. Comme j’étais sans-papiers, il m’a dit que je devais travailler sous le nom d’un de ses ouvriers à qui je ressemble et qui possède un permis de séjour en règle. Je ne connaissais rien à ce métier, mais j’ai accepté, pas le choix. » Le récit de Levan est impossible à objectiver, mais ce qu’il relate renvoie à la technique bien connue de fraude à la physionomie, dite du « lookalike », qui consiste à jouer sur la ressemblance physique entre deux individus pour déjouer les contrôles. « Ça fait plus d’un an que je fais ça maintenant. Je travaille un peu partout, à Bruxelles et ailleurs. Parfois la nuit. C’est très fatigant. Le gérant me donne 800 euros par mois en cash. J’ai peur des contrôles mais, jusqu’ici, j’y ai échappé. »

L’histoire de Levan témoigne d’une volonté de frauder manifeste dans le chef de ceux qui l’exploitent. « Dans ce domaine, nous avons de toute évidence affaire à un système bien organisé », acquiesce Sibille Boucquey. « Cette organisation est souvent de type familial. Maintenant, est-elle aussi criminelle selon la définition qu’en donne le Code pénal ? On a des raisons de le croire dans certains cas, mais il faut le prouver, et c’est là toute la difficulté. »

Cette difficulté à mener des investigations efficaces, la substitute l’expose sans détour : « C’est simple, nous sommes quatorze (sur un cadre de dix-huit) à l’auditorat et il rentre plus de quatre mille nouveaux dossiers chaque année. Moi seule, j’en gère entre trois cents et quatre cents. Pour obtenir des résultats probants, beaucoup nécessitent de multiples vérifications et surtout une analyse financière approfondie. Or, la capacité d’enquête policière locale et fédérale dont je dispose est réduite à peau de chagrin. Je dois me débrouiller avec l’inspection sociale, qui fait de l’excellent travail mais manque elle aussi cruellement de moyens. J’ose le dire : en matière de lutte contre la fraude sociale, la volonté politique fait défaut. »


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